Mardi dernier, Droit de Rester Fribourg a lancé une version fribourgeoise de l’appel d’elles dans le cadre d’une conférence de presse (voir Freiburger Nachrichten, la télé).
Celui-ci vise à sensibiliser nos autorités à la situation humainement insoutenable de femmes migrantes livrées à la violence et la précarité (texte en français ci-dessous ou deutsch Version).
Soutenez ces femmes par votre signature et parlez-en autours de vous!
Aujourd’hui encore, des femmes migrantes, arrivées en Suisse avec ou sans enfants pour trouver enfin de la protection contre la violence, sont renvoyées dans le cadre de l’Accord de Dublin.
La Suisse est actuellement le deuxième meilleur élève européen en matière de renvois vers l’Italie sur la base de l’accord de Dublin.
Notre appel vise à sensibiliser les autorités à la situation humainement insoutenable de ces femmes livrées à la violence et la précarité. Ces femmes qui trouvent enfin la confiance et la sécurité en Suisse et y tissent des liens essentiels, méritent un traitement bienveillant et non la violence d’un renvoi vers un pays dans lequel elles seront à nouveau soumises à la violence et l’impossibilité de s’en protéger.
Au nom du respect des droits fondamentaux des plus vulnérables, nous appelons à l’arrêt du renvoi systématique de femmes et d’enfants dans le cadre de l’Accord de Dublin et à un examen bienveillant et empreint d’humanité des demandes déposées.
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Nous avons connaissance de situations alarmantes dans le canton de Fribourg :
- C. quitte le Sénégal pour échapper aux violences dans sa famille. Arrivée en Italie, elle se marie avec un homme qui s’avère violent, lui infligeant durant 6 ans des violences psychologiques, sexuelles et physiques. C. décide alors de demander l’asile en Suisse mais risque le renvoi en l’Italie. C. est terrorisée à l’idée d’y retourner, sachant qu’elle n’y trouvera aucune protection.
- K. fuit également le Sénégal avec sa fille de six mois que sa famille veut faire exciser. K. trouve refuge en Espagne. Sa famille la retrouve et veut faire exciser l’enfant en Espagne. Pour échapper au réseau familial, K. gagne la Suisse, où elle demande l’asile. La Suisse n’entre pas en matière, estimant que l’Espagne est compétente. K. attend donc dans l’angoisse son renvoi, ne sachant comment échapper aux violences qui attendent sa fille si elle devait être contrainte de retourner en Espagne.
- Emprisonnée à cause de son engagement politique, Y. doit quitter l’Ethiopie en raison des persécutions étatiques. Elle se rend d’abord en Autriche où un homme la séquestre pendant 5 mois. Elle réussit à fuir vers la Suisse où elle demande l’asile. La Suisse prononce une non-entrée en matière. Enceinte de 7 mois, Y. souhaite rester en Suisse avec son enfant à naître et craint de retomber entre les mains de l’homme qui l’a séquestrée en Autriche.
- R. quitte l’Érythrée pour fuir les violences étatiques et pour rejoindre son compagnon, au bénéfice d’une autorisation de réfugié statutaire, en Suisse depuis 2014. Elle arrive en 2016 mais une décision de non entrée en matière et le renvoi vers l’Italie sont prononcés par les autorités. R. est enceinte de 6 mois et le couple a un enfant de 5 ans qui attend au Soudan de pouvoir rejoindre ses parents. Un renvoi vers l’Italie enfreindrait le droit fondamental à la vie familiale.
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L’Accord Dublin contient une clause de souveraineté qui permet de ne pas renvoyer les personnes particulièrement vulnérables ou en danger!
Les autorités suisses, tant cantonales que fédérales peuvent utiliser leur pouvoir d’appréciation et mettre en priorité le respect des droits fondamentaux, de la dignité humaine, refusant ainsi la violence des renvois faites aux femmes et aux enfants particulièrement vulnérables!
Pour cela, nous demandons aux autorités cantonales :
- de surseoir aux renvois dans le cadre de l’Accord de Dublin de C., K, sa petite fille, de Y. et de R.,
- d’intercéder auprès du Conseil fédéral pour que la clause de souveraineté de l’Accord de Dublin soit appliquée pour ces quatre femmes et leurs enfants
- de rencontrer le collectif Droit de rester Fribourg afin de trouver une solution pour C., K., sa petite fille, Y. et R., qui respecte leurs droits élémentaires et les protège des dangers auxquels un renvoi les expose.
Comme les 60 femmes ci-dessous, actives en politique, dans la recherche, la culture, les associations, etc, signez l’appel.